Orateur(s)
Prof. Philippe Hubert, Chef du Service de Chimie Analytique, Président du département de Pharmacie, ULg et Dr Eric Ziemons, Service de Chimie Analytique, ULg

Falsification des médicaments : Est-il possible d'améliorer la puissance des outils de détection ?

    Résumé

    La falsification médicamenteuse est une véritable problématique de santé publique. Son augmentation est en constante évolution et les cas d'incidents observés croissent de façon tout à fait alarmante.
    Chiffres à l'appui, le Professeur Philippe Hubert (Chef du Service de Chimie Analytique - ULg) nous a d'abord dressé un état des lieux de ce fléau qui affecte principalement les pays en voie de développement mais qui tend aujourd'hui à se répandre fortement dans les pays industrialisés sous l'impact des ventes en ligne. Les chiffres sont éloquents : une récente étude de l'OMS relatait par exemple, que l'on peut estimer à 700.000 le nombre annuel de morts, liés uniquement à la falsification des médicaments dans le cas de lutte contre la tuberculose et le paludisme !

    Après que le Professeur Hubert ait évoqué les différents types de falsification ainsi que les critères guidant les choix des falsificateurs et la façon d'introduire de faux médicaments dans la chaine de production, ce sont les moyens pour lutter contre cette fraude qui furent évoqués. L'accent fut mis, par Eric Ziemons, sur les méthodes d'analyse rapide et non destructive portant sur la composition des produits. En particulier, il fut question de la spectroscopie vibrationnelle qui permet d'obtenir une signature spectrale du produit, sorte d'empreinte digitale du médicament. Ce système présente de nombreux avantages (simplicité, efficacité, caractères non destructif et non invasif). Des développements supplémentaires doivent être réalisés afin que ces technologies embarquées soient encore améliorées mais ses nombreux atouts en font d'ores et déjà une technique analytique de première ligne pour contrer le fléau. Néanmoins, les outils ne règleront pas tout. Il s'agit que toute la chaine des acteurs concernés par cette fraude se mobilise pour palier au dysfonctionnement actuel et à la quasi impunité de ce véritable crime.

     

     

     

    La mise sur le marché de médicaments falsifiés est une réalité dont on imagine rarement l’importance et la nuisance : on estime pourtant que ce marché rapporte plus que le trafic de drogue et il arrive que localement, des produits falsifiés soient plus nombreux que les produits originaux (cas des anti-malariques au Congo).

    La lutte contre la falsification s’est d’abord focalisée sur les emballages et les identificateurs tels que les codes-barres, qui aujourd’hui ne garantissent plus le contenu du médicament vu les progrès réalisés par les organisations criminelles en matière de reproduction d’emballage.

    La solution sûre consiste donc à analyser, sur place, la composition du produit à travers l’emballage et à comparer le résultat à la «carte d’identité» du médicament établie par le producteur. Les besoins portent donc sur des instruments d’analyse portables et capables de dialoguer à distance avec des banques de données de «cartes d’identité». Ceux-ci requièrent une approche pluridisciplinaire impliquant notamment des micro-électroniciens et des informaticiens.

    Philippe Hubert et Eric Ziemons nous expliqueront comment ces technologies sont maîtrisées par le Département de Pharmacie de l’Université de Liège. Ils nous montreront le potentiel économique et industriel de ces recherches pour les secteurs pharmaceutique et logistique.