Orateur(s)
Stéphanie Van Doosselaere Coordinatrice du projet Interreg N-POWER (LEMA-ULiège)
Cyrielle Böttcher Chargée de projet N-POWER (AREBS)
Benoît Nandrin Chargé de projet (Natagora)

L’empowerment comme opportunité pour le renouvellement des quartiers

    Résumé

    Cette rencontre-conférence avait pour but de démontrer comment l’empowerment pouvait contribuer à mieux intégrer les objectifs sociaux et environnementaux, mais aussi économiques, à la rénovation des quartiers via différents projets concrets menés à Seraing.

    Stéphanie Van Doosselaere Coordinatrice du projet Interreg N-POWER (LEMA-ULiège) a d’abord abordé les aspects théoriques de cette pratique de participation citoyenne en expliquant sa signification. L’ « empouvoirement » - littéralement traduit de l’anglais « empowerment » a été remis au goût du jour pour lutter contre le vandalisme ou la gentrification dus à la perte de sentiment d’appartenance des citoyens à leur quartier. Or, c’est justement ce sentiment d’appartenance qui incite les habitants à en prendre soin.

    Stéphanie souligne pourtant que l’empowerment, tel qu’il est pratiqué en Belgique, donne encore trop souvent aux citoyens le sentiment d’être manipulés. L’empowerment est donc une pratique qui nécessite de changer les mentalités. C’est un processus qui prend énormément de temps au travers, bien souvent, de petites actions.

    Sur le plan pratique, ces méthodologies sont adaptées à un public-cible bien précis. C’est pourquoi, il est difficile de répliquer une méthode utilisée sur un autre projet. Les initiatives exemplaires de prise de « pouvoir » par les citoyens peuvent venir soit des citoyens, soit des pouvoirs publics. Le projet « Les grands voisins » à Paris » et le projet « Gebookerbos » à Heerlen sont pris comme exemple.

    Cyrielle Böttcher, Chargée de projet à l’Arebs, a ensuite présenté les initiatives qui ont été mises en place dans le cadre du projet N-Power à Seraing.

    D’un point de vue stratégique, il était important de contacter des associations sérésiennes déjà existantes. Cette démarche a permis de profiter de leur légitimité pour approcher les citoyens. Ensuite, lors de chaque évènement organisé, il était important d’avoir une communication claire pour faire connaître les initiatives aux citoyens et obtenir leur confiance.

    Le coeur du projet NPower était surtout l’appel à projet citoyen collaboratif. Il concernait 2 parcs :

    • le parc Morchamps, où les demandes retenues ont permis de répondre à un public mixte de personnes jeunes et plus âgées.
    • le parc des Marêts, où les modules et autres installations proposées répondaient à une demande majoritairement sportive et ludique.

    Les projets ont ensuite été sélectionnés par un jury sur base d’une présentation orale et d’un projet écrit.

    Au final, certains d’entre eux ne se sont pas réalisés parce que les porteurs de projet, eux-mêmes, s’en sont détournés soit par manque de temps à y consacrer (au-delà d’un mois et demi, les citoyens ont tendance à baisser les bras), soit à cause de la complexité des démarches ou bien parce que le projet n’évoluait pas dans la direction souhaitée.

    Ces écueils, il faut aussi s’y attendre et les accepter, souligne Cyrielle.

    D’autres projets, au contraire, ont rencontré un franc succès, comme le potager solidaire.

    Trois conclusions peuvent en ressortir :

    • Il est très important d’accepter les critiques des citoyens mécontents et d’en tenir compte,
    • Les pivots sont essentiels pour mieux comprendre la manière dont s’articule un quartier, pour faire d’autres analogies et réaliser d’autres projets connexes…
    • Il faut toujours bien mettre en lumière les citoyens et leurs projets quand ils sont couronnés de succès.

    Benoît Nandrin Chargé de projet (Natagora), a clôturé la séance au travers d’une visite du parc des Marêts pour que les participants puissent voir les différents projets de gestion différenciées mis en place par des citoyens.

    La gestion différenciée doit être pensée avant même la conception du parc pour réfléchir à une maintenance et une appropriation adéquate du lieu par ses habitants. La valorisation de la biodiversité implique une gestion plus naturelle des zones du parc et questionne sur le concept du beau en tant que tel. Cette méthodologie permet de nombreux avantages :

    • On remarque qu’il y a moins de déchets dans les parcs car les zones où la biodiversité est valorisée sont moins utilisées et donc moins dégradées,
    • Tous les déchets verts issus des tailles et des tontes sont réutilisés sur place pour faire des montages naturels ou du compostage,
    • L’appropriation du parc par les habitants amènent d’autres personnes à fréquenter le parc.

    Ces exemples concrets ont démontré les différents bienfaits de la biodiversité dans la ville mais aussi, l’implication de personnes motivées, qui a fait naître chez certains de belles vocations.

    Retrouvez les slides de la présentation ci-dessous :

    L’empowerment comme opportunité pour le renouvellement des quartiers | LIEGE CREATIVE, 08.10.2021 de LIEGE CREATIVE

    Depuis plusieurs décennies, de nombreux quartiers urbains en Europe ont vu leur environnement bâti se détériorer et leur population évoluer sous l'effet de la désindustrialisation et de la périurbanisation.

    Ces quartiers et leur population ont été progressivement exclus de la dynamique de développement des villes et ont un besoin particulier d’être soutenu. Cependant, les stratégies traditionnelles de "rénovation des quartiers" qui ont été mises en œuvre se sont révélées trop lentes et coûteuses, entraînant des écarts entre les développements en cours et les besoins réels des citoyens.

    Même si des procédures participatives étaient fréquemment organisées au stade de la planification, les aménagements, une fois mis en œuvre, n'étaient souvent pas co-créés/co-produits avec leurs utilisateurs actuels et futurs. Cela a pu menacer le sentiment d'appartenance des habitants à leur quartier et a entraîné, dans certains contextes, du vandalisme et d'autres formes d'incivilités, ou a alimenté la gentrification.

    Ces effets néfastes ont montré qu'il existe un réel besoin de travailler conjointement sur le développement social et la rénovation urbaine. Des stratégies de rénovation basées sur une citoyenneté plus active ont été développées au cours des dernières décennies. Cette évolution se justifie par le fait que lorsque l'implication et la participation personnelle sont prises en compte, cela peut améliorer l'attachement au quartier et stabiliser au moins une partie de la population. L'empowerment peut agir comme un levier pour accroître les responsabilités individuelles et communautaires contribuant à l'amélioration de la qualité de vie dans les quartiers.

    Au travers de deux projets actuellement en cours sur le territoire sérésien (N-power et A Place To Be-Come), les trois orateurs démontreront comment les pratiques d’empowerment (autonomisation) peuvent contribuer à mieux intégrer les objectifs sociaux et environnementaux, mais aussi économiques, dans la rénovation des quartiers. Une visite des réalisations dans le parc des Marêts sera prévue si le temps le permet.

    Cette rencontre-conférence est organisée en marge du Premier Festival International UNIC CityLabs qui se tiendra à Liège du 14 au 16 octobre 2021.
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