Orateur(s)
Stéphane Adam Responsable de l’Unité UPsySen (ULiège) - Co-Gestionnaire de la Spin-Off LyAge
Marc De Paoli Directeur Général (CSD)

Nouvelles formes d'habitat : la mixité sociale et intergénérationnelle au service du changement

    Résumé

    Notre rencontre était consacrée aux nouvelles formes d’habitat et aux enjeux qui s’y rapportent.

    Stéphane Adam, Responsable de l’Unité UPsySen (ULiège), a tout d’abord contextualisé le propos selon la courbe démographique du vieillissement en Belgique. En 1950, nous avions une espérance de vie de 65 ans et les personnes de 65 ans étaient peu nombreuses. Au fur et à mesure du temps, l’espérance de vie a augmenté. En, 1970, il y a eu un baby-boom. En 2007, l’augmentation du nombre de personnes âgées devient importante et va continuer dans les années à venir. En 2035, nous arriverons au sommet de la vague démographique lié au baby-boom des années 60. Ce qui induit un des bouleversements les plus importants du 21ème siècle et cela génère des implications et des enjeux considérables à de nombreux niveaux dont ceux liés à l’habitat.

    Quels sont les enjeux ?

    • Il y a peu de jeunes à l’emploi pour financer la retraite des aînés et cela devient un poids économique pour le pays.
    • Comment répondre aux besoins en matière sanitaire et médico-sociale ? Comment va évoluer le système de santé pour s’adapter à ce vieillissement de la population ?
    • Comment adapter les nouvelles technologies à ces nouveaux besoins ?
    • Comment être dans une dynamique de prévention de la santé et comment gérer les formations des professionnels du secteur ?
    • Quelle est la place des aidants pour maintenir la vie des personnes âgées à domicile ?
    • Comment gérer la paupérisation de nos aînés ? En effet, 15 % sont sous le seuil de pauvreté et c’est un chiffre croissant.

    Tous ces enjeux sont cristallisés autour de cette question : « comment bien vieillir chez soi ? ». Il faudra, pour cela, définir comment se matérialise ce « chez soi » ?

    Actuellement, il y a deux extrêmes dans le continuum :

    1/ Le domicile dans lequel les personnes vivent depuis toujours. Certaines habitations ne sont pas adaptées au vieillissement de la personne. Il faudrait prendre divers paramètres en compte pour augmenter les chances de pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible. L’important est de réfléchir sur ce qu’est réellement le vieillissement et pas sur ce qu’il semble être ! L’idéal est d’anticiper les futurs besoins des utilisateurs pour qu’ils vivent plus longtemps et en meilleur santé.

    2/ Les institutions pour personnes âgées. Aujourd’hui, les maisons de repos ressemblent à des hôpitaux et ce modèle génère des problèmes. Comment faire évoluer l’accueil des personnes qui ont des niveaux de dépendances élevées ? 1% de la population belge est en maison de repos. Ça représente 60% des décès.

    Il existe des alternatives autres : des habitats mixtes, groupés, collectifs… Tous ces habitats représentent des perspectives d’avenir. Cela induit plus de mixités culturelle, économique et générationnelle entre les habitants. Désormais, la question qui se pose est celle-ci : « comment créer ce type d’habitat et comment l’animer pour qu’il soit profitable à tout le monde ?

    Marc de Paoli, Directeur de la CSD, a ensuite enrichi le propos en mentionnant qu’entre le domicile et l’institution, il y a, aujourd’hui, peu ou pas grand-chose de structuré.

    On constate aussi, qu’outre le fait que les bâtiments ne soient plus adaptés, les personnes sont parfois envoyées en maison de repos pour des raisons économiques. En effet, ça coûte trop cher de rester chez soi.

    On constate aussi que certaines personnes, parfois porteuses de handicap, ont besoin de soins mais ponctuellement. Le fait de les envoyer en maison de repos, c’est leur garantir de vieillir plus vite.

    Marc De Paoli a donc imaginé un modèle de petites habitations aménagées (cohabitation mixte, en respectant certains quotas : 20% de personnes âgées, 20% de jeunes avec enfants, 5 à 10 % de personnes porteuses de handicap) avec des lieux de vie partagés. Un type d’habitat où il y a un engagement de chacun à assumer certaines tâches qui sont utiles à la communauté (s’occuper du jardin, cuisiner, gardiennage…). Leur loyer est adapté selon les services fournis et des structures d’aide à domicile prennent le relai pour les tâches restantes.

    Marc De Paoli voudrait que les villes et leur CPAS mettent en place des partenariats publics-privés avec des structures d’aides à domicile pour généraliser ce système.

    Aujourd’hui, la CSD est déjà partie prenante d’un projet à Marchin (ASBL Do Mi Si La Do Ré) qui est un projet à l’initiative de parents d’adultes porteurs de handicaps sévères qui fréquentent un centre de jour en journée. Les parents vieillissants sont dans l’incertitude de ce que deviendront leurs enfants quand ils ne seront plus là. 

    Les parents ont donc récolté des Fonds pour construire un bâtiment pour 12 résidents et la CSD y assure les prestations (éducateurs, gardes, repas à domicile, aides ménagères) et cela fonctionne bien ! Cette maison-foyer permet de vivre dans un lieu où ils bénéficient d’aides à domicile et d’animations en journée

    Une 2ème habitation dans les Vennes à Liège (Le repère) est un projet où des parents ont aménagé un bâtiment pour 5 jeunes adultes légèrement handicapés où la CSD intervient également.

    La difficulté pour un privé reste d’initier un projet avec des promoteurs qui veulent jusqu’à 5% de rendement, ce qui est impayable ! La difficulté des pouvoirs publics est qu’avec la crise Covid, les communes ne sont pas aventureuses. Mais quand on n’a pas de pétrol, on a des idées...

    Vous pourrez retrouver, ci-dessous, les slides de la présentation ainsi que l’intégralité de la rencontre enregistrée sur notre page facebook :

    Nouvelles formes d'habitat : la mixité sociale et intergénérationnelle au service du changement | LIEGE CREATIVE, 25.11.2021 de LIEGE CREATIVE

    En Wallonie, selon les perspectives du Bureau fédéral du Plan, la part des 65 ans et plus devrait atteindre 21% en 2025 et approcher les 26% en 2050. Le vieillissement de la population constitue donc l’une des tendances les plus importantes du XXIe siècle. Cette évolution démographique a des implications considérables à de nombreux niveaux et génère d’immenses défis économiques, sociaux et environnementaux.

    De nouvelles préoccupations naissent avec, en particulier, la capacité des sociétés à faire face à cette mutation démographique. Dans ce contexte, la question de l’habitat tout le long de la vie apparaît comme un élément déterminant. Actuellement, deux alternatives s’offrent aux personnes âgées, à savoir : rester à domicile - ce qui peut impliquer l’utilisation d’aides via, par exemple, les services de soins à domicile (CSD) ; ou aller en maison de repos - ce qui implique de s’adapter à un système très (trop) cadré et médicalisé qui n’apparaît pas toujours comme compatible avec l’épanouissement et la qualité de vie de la personne.

    Néanmoins, des alternatives sont possibles, intégrant des valeurs de partage et de solidarité, ainsi que des notions de santé (habitat tout le long de la vie, quel que soit le niveau de dépendance) et de mixité (générationnelle, économique et culturelle). Pour y arriver, il s’agira de réfléchir collectivement à un nouveau mode de fonctionnement économique et social au travers de projets concrets.

    Nos deux orateurs, Stéphane Adam et Marc de Paoli, mettront en lumière les freins du système actuel dans leur globalité et les opportunités à saisir pour construire cette nouvelle manière « d’habiter » ensemble.

    Cette rencontre originale et interactive sera l'occasion de découvrir des projets d’innovation sociale qui, on l’espère, inciteront les pouvoirs locaux/publics sérésiens à agir en ce sens avec leur patrimoine immobilier.


    L’organisation de ce rendez-vous en présentiel est adaptée aux mesures sanitaires en vigueur. Le Covid Safe Ticket sera requis pour prendre part à la rencontre-conférence et le port du masque sera obligatoire durant la rencontre.
    Plus d’info sur le protocole sanitaire d'accès à nos rencontres-conférences