C’est la (re)lecture d’un article d’Edgar Morin, « Éloge de la métamorphose », paru il y a 10 ans et récemment rediffusé sur les réseaux sociaux, qui nous a inspiré le thème de notre deuxième lettre thématique : la métamorphose.

En appeler à la métamorphose, c’est encourager les voies nouvelles et nourrir l’espérance d’un monde meilleur. « Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains », certifie le sociologue en abordant ensuite le bouillonnement créatif et les nombreuses initiatives locales qui vont dans le sens d’une régénération de nos modèles socio-économiques, notamment. Ce regard optimiste, tourné vers un avenir souhaitable, nous a poussé à croiser, à nouveau, les points de vue de 6 personnalités qui s’expriment, à partir de leur approche ou de leur métier, sur ce qu’évoque aujourd’hui, pour eux, « la métamorphose ».

Transition vers une économie souhaitable, adaptations biologiques ou transformation territoriale, les métamorphoses se déclinent ci-dessous sous la forme d’une nécessité ou d’un espoir de renouveau.

Sybille Mertens

Sybille Mertens

Économiste et Professeure d'économie sociale à HEC-ULiège

Après avoir contribué au développement international de systèmes d’informations macroéconomiques sur le secteur associatif, ses travaux de recherche actuels portent sur l’innovation sociale, l’évaluation de l’impact social des entreprises et le développement de business models durables dans une perspective de transition du système économique. Elle nous livre ici son point de vue de scientifique et de citoyenne, engagée pour une société en transition et pour dessiner les contours d’un modèle socio-économique durable, à partir d’une réelle compréhension des limites du système actuel.

La transition vers une économie souhaitable

La crise inédite que nous traversons révèle les multiples failles de notre société. En ce compris, sur le plan économique. Nous découvrons avec stupéfaction la grande vulnérabilité du système actuel. En réalité, des décennies de quête d’efficacité nous ont fait oublier la notion de risque : nous avons encouragé l’anonymat sur les marchés financiers, délocalisé pour diminuer les coûts de production, habitué le consommateur à ne pas se poser de questions, privatisé et dérégulé pour réduire les dépenses publiques, mis sous pression des systèmes de protection sociale et gaspillé les ressources limitées de la planète pour soutenir la croissance.

Aujourd’hui, nous déplorons les « effets systémiques non voulus »1  de ce système : les inégalités sociales se creusent, la biodiversité s’effondre, le climat est déréglé, l’insécurité alimentaire se profile, les ressources naturelles s’épuisent. Ces plaies ouvertes se renforcent mutuellement, rendant la perspective pour le moins angoissante. Tout le monde (ou presque) risque d’y perdre.

Nous avons à présent le choix :  fermer les yeux ou remettre notre ouvrage sur le métier. En nous inspirant des travaux d’économistes reconnus (e.a. Joseph Stiglitz ou Elinor Ostrom), nous pouvons acter qu’une transition est nécessaire et nous pouvons dessiner avec lucidité les contours d’une économie souhaitable. Pour que celle-ci advienne, il faudra travailler simultanément sur trois plans : favoriser les changements de comportements individuels (vers plus d’empathie), réaffirmer le rôle de l’État et outiller celui-ci dans la coordination efficace et juste de l’action collective, soutenir la diffusion de business models durables au sein des entreprises.

Cette alliance entre les individus, l’État et les entreprises n’est pas seulement essentielle à l’émergence d’une économie souhaitable. Elle est aussi possible et déjà expérimentée sur nos territoires dans des projets d’économie sociale ou citoyenne (associative ou coopérative), d’économie circulaire, d’économie collaborative, d’économie de proximité ou encore d’économie inclusive. C’est notre responsabilité de soutenir et d’étudier ces expériences. Parce qu’expérimenter, même à petite échelle, c’est déjà tracer les chemins de la transition.

1 L’expression est empruntée à Philippe De Woot, professeur à l’UCLouvain et chercheur pionnier sur la responsabilité sociale des entreprises en Belgique.

Pour aller plus loin :

En savoir plus sur le Centre d'économie sociale de l'ULiège

Fany Brotcorne

Assistante au sein du département de Biologie, Écologie et Évolution (Faculté des Sciences, ULiège)
Responsable du Groupe de Recherche en Primatologie au sein de l’unité de Biologie du Comportement (P. Poncin, ULiège)

Ses recherches se concentrent sur l’éco-éthologie, la conservation et la gestion des primates en milieux perturbés par l’homme. À travers son regard d’éthologue, elle nous décrit les divers mécanismes d’ajustement dont la biodiversité fait preuve pour se préserver de l’activité humaine en général, et tire la sonnette d’alarme dans ce contexte précis de crise sanitaire mondiale.

Fany Brotcorne

 

Le comportement animal dans l’Anthropocène

Il ne fait plus aucun doute que nos écosystèmes et la biodiversité qu’ils abritent sont en pleine transformation. Bien qu’il ne s’agisse pas là d’un phénomène nouveau, notre époque, l’Anthropocène, se caractérise par des changements environnementaux drastiques et rapides qui sont engendrés en majeure partie par les activités humaines. Face aux perturbations, qu’elles soient d’origine naturelle ou anthropique, la vie doit s’adapter.

En explorant les liens entre comportement, écologie et évolution, l’écologie comportementale s’intéresse au pourquoi (fonctions) et au comment (mécanismes) les animaux ajustent leurs comportements aux variations du milieu. Il existe trois mécanismes principaux par lesquels les animaux répondent aux changements environnementaux :

  • les adaptations évolutives (changement génétique) ;
  • les déplacements vers de nouveaux habitats (dispersion) ;
  • le déploiement de réponses comportementales différentes mais déjà présentes dans le répertoire de l’espèce ou acquises par l’apprentissage (plasticité phénotypique).

 

Les perturbations anthropiques actuelles sont toutefois si rapides que les changements génétiques suivent parfois difficilement la cadence, en particulier pour les espèces au cycle de vie lent. La dispersion et la plasticité phénotypique permettent quant à elles des réponses plus immédiates, et favorisent davantage les espèces généralistes mieux armées face aux perturbations que les espèces spécialistes.

La faune urbaine par exemple, tels que les renards dans les villes européennes, les ours noirs au Canada ou les primates des temples en Asie, illustre certaines stratégies comportementales déployées par les espèces sauvages pour survivre à l’anthropisation de leur habitat. La disparition et la fragmentation des habitats naturels engendrent une proximité croissante entre la faune et les populations humaines. Les contacts se multiplient et les implications sur le plan de la santé et de la subsistance concernent à la fois les hommes, les animaux et l’environnement.

Dans ce contexte de crise sanitaire mondiale liée au Covid-19, il est urgent d’analyser les causes et les processus convergents liés aux activités humaines, qui ont permis l’émergence et facilité la transmission entre espèces de ce pathogène zoonotique.

Pour aller plus loin :

En savoir plus sur le Groupe de Recherche en Primatologie

Eric Pirard

Eric Pirard

Ingénieur géologue et Professeur à l'ULiège

Explorateur de nos mines urbaines, il développe avec son équipe de recherches (GeMMe - ULiège), les techniques de l'industrie minérale. Engagé dans de nombreux projets aussi bien en Région wallonne qu’à l’international, il participe à l'avènement d'une économie plus circulaire des métaux en interpellant et sensibilisant tous les publics quant à leur rôle de consomm-acteur.

Parmi les programmes dans lesquels son équipe est fortement impliquée, Reverse Metallurgy (initié par la Région wallonne et labellisé par le Pôle Mécatech) présente bien quelques caractéristiques d’une métamorphose : celle de l’activité métallurgique.

Vers le développement régional d’une économie circulaire

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se métamorphose … » disait déjà Anaxagore dans son traité De la Nature, mais il faudra attendre le Siècle des Lumières et Lavoisier pour que cette devise s’inscrive en frontispice de tous les traités de chimie. Pendant cet intermède de plusieurs siècles, c’est l’alchimie qui se posera en science sacrée et les métallurgistes liégeois penchés sur les forges rougeoyantes de la Cité Ardente en seront les maîtres du feu. Ne participent-ils pas alors à cette embryologie souterraine qui accélère la maturation des métaux? Il faut relire à ce propos Forgerons et Alchimistes de l’historien des sciences Mircea Eliade. Ce qui est certain c’est que la métallurgie a de tous temps façonné notre société et transformé nos paysages.

Liège ne serait-elle plus aujourd’hui que le creuset abandonné de cette folle aventure métallurgique? N’y a-t-il donc plus d’avenir pour cette métallurgie qui a contribué au rayonnement international de toute une région en fournissant l’acier des chemins de fer chinois ou le zinc des toitures de Paris? La métallurgie est-elle devenue un colosse à anéantir comme le HF6 de Seraing, ou est-elle invitée à se métamorphoser à son tour? N’y a-t-il pas place pour une résurgence de cette activité industrielle sous une forme plus humaine capable de contribuer à une économie plus circulaire ? C’est en tous cas le credo du projet Reverse Metallurgy qui depuis plus de cinq ans souhaite associer tout ce que la région compte comme expertise dans le domaine des techniques de récupération des métaux pour retrouver une capacité d’innovation et de production à même de satisfaire nos besoins en premier lieu desquels celui de gérer nos déchets. Nous devons dompter cette mine urbaine qui s’accumule et nous encombre.

Au-delà de la seule mutation technologique, c’est à une véritable métamorphose des consciences et des pratiques que nous invite l’époque actuelle. La nature nous enseigne que tout est cycle, l’épopée industrielle suivie d’une crise économique douloureuse nous a appris à être plus humbles et à respecter le temps plutôt qu’à vouloir précipiter l’œuvre de la nature. L’économie circulaire de demain sera faite de produits fabriqués de nos mains, conçus pour durer et pour être transmis de génération en génération quitte à être réparés par nos artisans.

Le label « made in PRC » signifiera peut-être alors fabriquer en se Préoccupant du développement Régional d’une économie Circulaire.

Pour aller plus loin :

En savoir plus sur le groupe de travail GeMME
Découvrir le projet Reverse Metallurgy

Joeri Neutjens

CEO du CRM Group

Après une carrière de 12 ans chez ArcelorMittal dans différentes fonctions et le poste de Directeur général de la société Advanced Coating & Construction Solutions, Joeri Neutjens devient COO (directeur opérationnel) du Centre de Recherches Métallurgiques (CRM) Group, dont il prend la direction en 2019. Il appuie ici le regard d’Éric Pirard et confirme que l’industrie métallurgique, forte d’initiatives et d’une volonté transformatrice, n’a pas dit son dernier mot. Son témoignage illustre comment l’innovation peut être levier pour relever les défis sociétaux-industriels de notre époque.

Joeri Neutjens

 

La métamorphose : recyclabilité et transformation des produits usagés

La crise sanitaire Covid-19 et la crise économique systémique qui en découle, plombent les résultats financiers des entreprises industrielles à court et à moyen termes de façon plus brutale encore que lors de la crise financière de 2008-2009.

Dans cette situation sans précédent, les entreprises ont vu surgir en leur sein une extraordinaire force collective et une flexibilité visant à assurer la pérennité de l’entreprise. De plus, de nombreuses initiatives ont été lancées par beaucoup d’entreprises pour aider à surpasser la crise sanitaire.

Cette forte mobilisation du collectif résulte sans doute de l’état d’urgence créé par la situation actuelle, mais elle est également amplifiée par le sens de l’action au quotidien que tout un chacun aspire à pratiquer au niveau individuel et collectif.  

Cette mobilisation représente une véritable force transformatrice que les entreprises doivent continuer à cultiver. Elles peuvent le faire en développant et en mettant en œuvre les innovations qui permettent de relever les défis sociétaux-industriels de notre époque, tels que l’économie circulaire, la transition énergétique, la transformation digitale ou encore le reploiement de l’industrie manufacturière en Europe.

Un exemple de projet que le CRM Group développe avec ses partenaires industriels, comme John Cockerill, concerne le recyclage et la valorisation de produits fins et légers en aluminium, tels que les emballages de type domestique ou industriel, ainsi que d’autres résidus/déchets industriels.  

  • La demande mondiale pour ce métal continue à augmenter de façon exponentielle alors que seulement 33% des produits usagés sont aujourd’hui recyclés.
  • Produire 1 tonne d’aluminium par voie de recyclage consomme 20 fois moins d’énergie que la production par voie classique, dite « primaire ».
  • L’UE continue malgré tout à exporter chaque année plus d’un million de tonne d’aluminium à recycler et valoriser hors Europe.

 

Durant plus de trois ans, le CRM a mis au point un procédé complet, permettant de transformer en produits à haute valeur ajoutée des déchets très mal/non recyclés et valorisés en nos régions et pour la plupart exportés hors Europe aujourd’hui.

Tous les ingrédients sont donc là pour répondre à un besoin sociétal avec un business plan économiquement réaliste.
Il n’y a plus qu’à réunir les parties prenantes pour concrétiser ce projet en réalité industrielle. Le contexte y est plus que jamais propice.

Pour aller plus loin :

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Valérie Depaye

Valérie Depaye

Directrice d'ERIGES, régie communale autonome de Seraing

Comme un écho à la métamorphose de l’activité métallurgique évoquée par Eric Pirard et Joeri Neutjens, Valérie Depaye nous livre quant à elle son point de vue sur la transformation de la Ville de Seraing, un territoire amené à se penser autrement. Un point de vue éclairé et une vision éminemment positive sur une ville où LIEGE CREATIVE a étendu ses activités au travers du Hub créatif de Seraing.

La métamorphose de Seraing est en marche !

Après deux siècles d’activité industrielle florissante, le déclin sidérurgique a poussé la Ville de Seraing à « penser la ville autrement ». Pour préparer l’après-sidérurgie et la reconversion, la ville a entrepris, dès 2001, un diagnostic socio-économique, suivi d’une étude urbanistique d’ampleur inégalée en Wallonie donnant naissance, en 2005, au Master Plan de la vallée sérésienne.

Une occasion unique également de « penser autrement la ville » : de manière totalement innovante à l’époque, les habitants et usagers du territoire ont été associés au travail des urbanistes, architectes et autres économistes. Une méthode qui continue d’inspirer les visions stratégiques publiques, mais qui pourrait aussi se décliner en entreprises, avec les travailleurs et clients, face à des crises majeures ?

L’objectif du Master Plan est de reconstruire une ville post-industrielle digne d’intérêt et de pérennité pour ses habitants, ses usagers, ses entreprises. Il est le fil conducteur des actions qui sont et seront menées à court, moyen et long termes, pour la requalification et la rénovation des 800 hectares de la vallée sérésienne.

Alors, mutation, métamorphose, faculté d’adaptation aux circonstances ? Assurément les scientifiques auront leur utile définition.

Seraing, la Cité du Fer, vit bien une mutation (qu’elle partage avec d’autres grandes cités sidérurgiques européennes), un changement profond de son paysage économique et social. Un passage violent (fermeture d’outils, pertes d’emplois et d’identité, friches) du 19ème siècle à une reconversion immédiatement engagée dans le 21ème (entreprises de pointe, dynamiques sociales, performance environnementale, qualité architecturale et urbanistique).

Ses habitants, présents et à venir ; ses atouts naturels (la Meuse, les Bois, le relief) et induits (services, connexions, patrimoine industriel, entreprises technologiques) constituent des leviers qui assurent à Seraing une métamorphose, endogène, mais aussi ouverte sur les opportunités extérieures.

Car opportuniste, assurément il faut l’être face à l’adversité, au nécessaire changement ; s’être doté d’un plan souple (sans valeur légale ni cadre formel contraignant), atypique (une hybridation de développement territorial et économique), ambitieux et phasé a permis à la ville de saisir et valoriser atouts et avantages en toute agilité.

À Seraing, de la « mutation » en marche, on retiendra donc qu’un mutant est plus fort ; de la « métamorphose », qu’elle contient dans son état premier les éléments clés de sa transformation, et de « l’adaptation » aux circonstances, qu’elle constitue un réflexe opportuniste salutaire.

Valérie Depaye est peut-être elle-même une mutante ; d’un état de romaniste, elle a évolué, avec bonheur et à coups de formations et d’expériences variées, vers l’utilité publique. Ou une métamorphosée ; certaines de ses composantes intrinsèques - la curiosité, l’enthousiasme, la pédagogie - servent probablement sa gestion actuelle d’ERIGES et le développement territorial de Seraing. Ou encore une sacrée adaptée de la vie qui, en souplesse et rebonds, mesure sa chance de travailler sur un territoire incroyablement porteur d’opportunités, humaines et urbaines !

Pour aller plus loin :

Découvrir les projets d'ERIGES

Jean-Christophe Peterkenne

Directeur Stratégie et Développement de la Ville de Liège

Après avoir mené tambour battant et avec une grande efficacité la campagne de candidature de Liège 2017, il s’investit pour capitaliser sur cette forte mobilisation et maintenir l’esprit constructif qui a accompagné ce vaste projet. Sous la bannière fédérative de LiègeTogether, il initiait en 2016 la première édition des « Métamorphoses », plusieurs journées à Liège destinées à ré-enchanter le territoire en valorisant sa transformation... L’occasion était trop belle que de lui tendre la plume !

Jean-Christophe Peterkenne

 

La Métropole liégeoise au rendez-vous de sa métamorphose

Les MétamorphoseS sont apparues à deux reprises dans le calendrier des rendez-vous culturels, qualitatifs et populaires en Métropole liégeoise : du 5 au 8 mai 2016 et du 9 au 13 mai 2018, des propositions artistiques inédites sont venues interpeller, gratuitement et dans l’espace public, les citoyen·ne·s et les visiteurs. Les buts poursuivis étaient simples : faire rayonner la Métropole liégeoise et permettre à chacun·e de découvrir, poser un autre regard sur, s’approprier les lieux et les espaces qui ont été, ces 15 dernières années, créés, transformés, rénovés, reconfigurés, réaffectés.

Des cinémas d’art et d’essai aux Musées, dont celui de la Boverie, des centres urbains comme Liège, Seraing et Herstal au grand studio de la télévision publique au Longdoz, de la magnifique gare TGV à l’Opéra et au Théâtre de Liège à l’Émulation, des quais de la Meuse retrouvés à la passerelle « La belle Liégeoise », de la Cité miroir au Val Benoit... La liste non exhaustive de cette transformation urbaine lors de la dernière décade (et un peu plus) est impressionnante. Et le mouvement est en marche avec d’autres réalisations au programme partout en Métropole.

L’intitulé de ces deux rendez-vous (le troisième est reporté à plus tard ) n’a pas été choisi par hasard. Il s’agissait de qualifier la nature de la mutation urbaine que l’agglomération de Liège a connue en une quinzaine d’années. Avec le recul , je pense que cette appellation se justifiait pleinement. Cette célébration jouissive, collective et participative ne concernait pas seulement des infrastructures, mais soulignait aussi deux autres évolutions notables : celle des mentalités et celle de la méthode.

Ces nouvelles infrastructures publiques culturelles ou ces quartiers entièrement rénovés ont été mis en scène au cours de ces deux week-ends, car ils signifiaient que le Beau était mis à la portée de tous. Que les citoyens étaient invités à participer à la nouvelle offre publique proposée. Que l’espace public avait été pensé pour permettre de nous retrouver, dans notre diversité, sur un pied d’égalité. Que l’innovation est l’affaire de toutes et tous. Ces transformations ont également (re)mis en lumière une nouvelle manière de procéder : celle de l’union sacrée, de l’association des talents, de la concorde. À l’heure où les médias, les réseaux sociaux et certains leaders politiques amplifient souvent de façon manichéenne les fractures de la société et divisent artificiellement la population, il est à certains moments intéressant de souligner la convergence de ce qui nous rapproche plutôt que d’exacerber les différences qui nous séparent.

Les MétamorphoseS portent bien leur nom: elles ont permis - et permettront encore - que les citoyen·ne·s s’approprient les valeurs positives véhiculées par toutes ces transformations et partagent leur joie de se retrouver dans un environnement grandement amélioré. Il ne peut en effet y avoir de réelles MétamorphoseS si l’impact physique des transformations à l’œuvre ne s’accompagne pas d’un impact culturel et sur les comportements. De ce point de vue, des changements très encourageants sont incontestablement à l’œuvre à l’échelle liégeoise.

Seuls le moyen et le long terme nous apprendront avec certitude si le sentiment d’appartenance positif à la communauté liégeoise (comme méthode), si l’émancipation de toutes et tous, sur un pied d’égalité, par une offre qualitative d’espaces et de lieux publics (comme objectif) et si la culture de l’innovation et de la créativité (comme valeurs), induites par ces magnifiques transformations de notre cadre de vie, ont réussi à nous mettre sur la voie d’un futur désirable.

Mais à voir les mines réjouies des centaines de milliers de Liègeois.es et de visiteurs venus d’ailleurs lors de ces deux moments, je suis certain que la Métamorphose de la Métropole liégeoise est définitivement mise sur les rails. À nous de la faire perdurer en poursuivant les projets fédérateurs et en cultivant un état d’esprit positif, ambitieux et bienveillant.

Pour aller plus loin :

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