Orateur(s)
Paul-Christian HAUTECLER, ULg-Architecture et Cabinet Hautecler P. & Dumont

Le développement durable est-il préjudiciable au patrimoine architectural et paysager ?

    Résumé
    Paul Hautecler (ULg - Architecture et Cabinet PHD) que nous accueillions ce midi à la tribune de LIEGE CREATIVE, ne le cache pas, d’entrée de jeu : son point de vue est des plus critiques au sujet de la politique de rénovation énergétique, et ce, principalement en Région Wallonne.

    Au cours de son exposé qui s’apparente à une chronique éditoriale, il nous a fait part du regard désabusé qu’il porte sur ce qu’il considère comme une perversion d’un système qui agit prétendument pour le développement durable mais qui oublie la nature première d’un bien patrimonial à restaurer.  Et de dénoncer une tendance à se plier au dictat d’un certain utilitarisme au détriment, par exemple, des fonctions sociales d’un bâtiment historique.

    Détournée par un principe consumériste,  c’est toute la logique même du développement durable qui devrait être repensée dans ses applications architecturales.  De nombreux paradoxes existent selon lui et, parmi ceux-ci, l’usage des châssis PVC qu’il décrie particulièrement, relevant souvent une forme d’hypocrisie dans les actes architecturaux.

    Conscient de pouvoir être targué de "conservateur" ou de "dernier romantique du 21eme siècle", il en appelle néanmoins à une prise de responsabilité politique, tout en prenant pour exemple les villes de Maastricht ou Lille dont il salue les choix urbanistiques en terme de rénovation patrimoniale.
    3ième rendez-vous dans le cadre de notre cycle de conférences consacré à la rénovation énergétique.

    "Le temps imposera sa mutation et elle sera violente."  Nicolas Hulot

    Elle le sera dans tous les sens !

    Le patrimoine paysager et architectural, qu’il soit rural ou urbain, qu’il soit classé ou non est l’objet de transformations radicales.  Ils subissent tous deux les pressions du "développement durable".  Les campagnes sont envahies d’éoliennes, les toitures se couvrent de panneaux photovoltaïques.  En ville, les châssis en bois sont remplacés par du PVC, les façades sont isolées par l’extérieur.  Quel est le véritable impact de ces apports ?  A-t-on essayé de comprendre ce qui était de l’ordre du durable dans l’architecture ancienne ou le tissu urbain ?
    Les pouvoirs publics octroient des primes là où il faudrait une réglementation stricte, mais au nom d’une saine concurrence et d’une société libérale le politique n’ose plus imposer de règlementation.

    Il n’est pas trop tard mais il est temps de prendre conscience, d’abord, de la réalité du réchauffement climatique et des dégâts réels qu’il créera sur notre environnement, mais il est aussi temps de prendre conscience des préjudices que font subir au patrimoine les défenseurs d’un développement durable non réfléchi, et complices de campagnes commerciales orchestrées par les lobbys industriels.