Orateur(s)
Margaux Dandoy Chargée de projet SDG Impulse (Centre d'Économie Sociale, HEC Liège, ULiège)
Anne-Sophie Rao CEO (RumeXperts)
Léonard Theron CTO (RumeXperts)
Francesca Rapino CEO (THERAtRAME)

Objectifs extra-financiers pour les start-ups et spin-offs : défis et opportunités

    Résumé

    Cette rencontre-conférence, organisée dans le cadre du Festival des Métamorphoses Entrepreneuriales de HEC Liège Entrepreneurs & VentureLab, et en collaboration avec le Club des Spin-offs de l’ULiège, a été pensée pour favoriser un partage de points de vue à partir de cas concrets.

    Pour ce faire, nous avons réuni un panel d’intervenants : Margaux Dandoy, Chargée de projet SDG Impulse au Centre d'Économie Sociale, HEC Liège ; Francesca Rapino, CEO de la spin-off biotech THERAtRAME active dans le développement de nouveaux médicaments anticancéreux ; Anne-Sophie Rao et Léonard Theron, respectivement CEO et CTO de la spin-off en santé animale RumeXperts.

    Pour démarrer la réflexion, Margaux Dandoy a rappelé quelques éléments relatifs au contexte dans lequel évoluent aujourd’hui les entreprises, confrontées à de nombreuses évolutions. Aujourd’hui, les entreprises font face à de multiples transitions : un contexte économique incertain, une crise climatique qui s’aggrave, des tensions sociales croissantes, et une pression toujours plus forte sur les ressources.

    Dans ce contexte, l’entreprise ne peut plus se penser uniquement comme un acteur économique. Elle doit se situer dans son écosystème, interagir avec lui, et prendre en compte ses impacts, ses dépendances, ses responsabilités. Et c’est encore plus vrai pour les entreprises qui sont en train de se construire.

    Derrière les critères ESG, on retrouve des questions très concrètes : Comment réduire son empreinte écologique sans freiner l’innovation ? Comment construire une équipe engagée dans une culture de bien-être et d’équité ? Comment piloter son entreprise de manière responsable, tout en gardant de la réactivité ?
    L’intégration dès le départ de ces critères représente donc un levier stratégique pour l’entreprise en vue de convaincre des investisseurs, d’attirer des talents, de proposer un produit ou un service qui fait sens, avec un impact positif.

    Néanmoins, il y a des freins bien réels à leur mise en place : manque de repères lié à trop de cadres (on ne sait pas par où commencer), manque de temps et de ressources (RH, financières), crainte de complexifier le modèle et de perdre les équipes en route. 
    Heureusement, malgré ces freins, il existe une belle opportunité : celle de bâtir un modèle plus robuste, plus crédible, plus aligné avec les attentes du monde qui vient. 

    S’en est suivie une première discussion avec le panel d’intervenants qui, tous les 4, ont participé au programme FR2B. Ce fut donc l’occasion pour Amandine Sanfratello, Responsable des Relations Partenaires au Venturelab, de présenter ce programme destiné aux doctorants et chercheurs universitaires désirant explorer le potentiel commercial de leur recherche, acquérir des compétences entrepreneuriales et, s'ils le souhaitent, avancer concrètement vers la valorisation de leur projet de recherche (notamment par le biais d’une création de Spin-Off). 

    Léonard Theron et Francesca  Rapino ont d’abord présenté leur entreprise respective et leur secteur d’activités.

    RumeXperts, spin-off de l’Université de Liège créée en 2020, est un bureau d’études CRO (organisation de recherche contractuelle) en médecine vétérinaire et en gestion des productions animales. L’approche novatrice dans le secteur de l'élevage des vaches laitières permet, via un logiciel, la collecte et l’analyse d’un vaste ensemble de données liées à la production laitière et aux conditions d'élevage. Les agriculteurs peuvent ainsi optimiser et surveiller la santé de leurs vaches et adapter les conditions d'élevage en temps réel. Les résultats sont : une augmentation significative de la production laitière, une réduction de la mortalité des animaux et une diminution des émissions de CO2. Pour chaque kilogramme de lait produit, une ferme utilisant le logiciel Salve émet un gramme de méthane de moins, contribuant ainsi à atténuer l'impact environnemental de l'industrie laitière.

    THERAtRAME, spin-off en biotechnologies de l'Université de Liège et de WELBIO, fondée en 2022, vise à révolutionner la découverte de médicaments en explorant de nouveaux domaines cibles pour développer des thérapies innovantes pour guérir les patients atteints de cancers incurables. L’entreprise découvre et développe de nouvelles solutions thérapeutiques anticancéreuses basées sur l'épitranscriptomique d'ARNt via sa plateforme de découverte de médicaments basée sur l'IA.

    Quelques points épinglés de cette première discussion :

    Francesca Rapino a expliqué que les ESG ont du être intégrée dès le début de la création de l’entreprise sous pression des investisseurs (grille ESG à remplir dans les 2 ans). Et de souligner le problème fondamental que les ESG sont les mêmes pour toutes les entreprises. Le cadre devrait être adapté en fonction du secteur et de la réalité de terrain. Par exemple, de son point de vue, l’impact environnemental est difficile à réduire en tant qu’entreprise en plein développement dans les  biotech à cause de certains facteurs inhérents à leur projet-même : déchets, matériel à usage unique, production hors Europe. Néanmoins les efforts sont portés là où cela est possible : bon triage des déchets. Actuellement, Les politiques ESG se basent sur un modèle idéaliste, mais pas toujours réaliste

    Pour Léonard Theron, le premier enjeu extra-financier est l’équipe. Il faut d’abord, travailler en interne et ensuite voir comment amener ces enjeux vers leurs clients. Refaire du lien avec le consommateur, par exemple, n’est pas un objectif financier. Ainsi, on peut augmenter l’impact en développant des services non rentables.

    • On a tendance à mettre le focus sur le critère environnemental or il faut élargir le scope de ce qui étudié. Pour les critères S et G, il faut s’ouvrir à d’autres modèles de fonctionnement que ceux connus, en intégrant, par exemple des valeurs d’économie sociale dans l’économie conventionnelle ;
    • Il faut avoir une réflexion permanente avec une approche globale : ce qu’on gagne d’un côté, il ne pas le perdre de l’autre (ex : utilisation de l’IA, on ne peut pas être vertueux dans tout) ;
    • Pour une start-up ou spin-off, la priorité est de faire survivre l’entreprises. Or les politiques ESG n’apportent pas ça. Elles ne sont pas assez adaptées. Elles sont imposées et il faut du temps pour intégrer cela dans la culture. Cela reste très administratif  (cocher des cases).  Ces politiques deviennent intéressantes si elle permettent un retour, comme la diminution des taxes, par exemple ;
    • Il ne s’agit pas d’imposer un modèle unique, mais de proposer des leviers adaptés à la taille de chaque entreprise, de mettre en place des manières adaptées, souples, progressives pour aborder ces enjeux ;
    • Il est important d’observer, d’échanger les bonnes pratiques, et de mettre en place une démarche progressive et modulable ;
    • Attention, la démarche peut être vertueuse mais dangereuse aussi.

    Margaux Dandoy a ensuite présenté en détails l’outil SDG Impulse, résultat d’un projet collaboratif porté par l’équipe du Centre d’Économie Sociale d’HEC Liège, en partenariat avec divers partenaires académiques et de terrain. SDG Impulse est une plateforme digitale de gestion participative de la durabilité à destination des PME, ancrée sur les Objectifs de Développements Durables (ODD), Sa mission est d’aider les PME à aborder la durabilité sans difficulté, avec une méthodologie adaptée et des actions concrètes en :

    • Accompagnant la réflexion sur les pratiques durables actuelles et futures (GERER) ; 
    • Identifiant les priorités et valorisant les engagements (COMMUNIQUER) ; 
    • Les connectant avec d’autres acteurs engagés (ECHANGER).

    La méthodologie d’utilisation de l’outil en 3 étapes a été détaillée ; diagnostic organisationnel (au départ d’un catalogue de 300 leviers d’actions), consultation des parties prenante, (pour identifier les leviers les plus matériels pour l’organisation et affiner les ambitions futures au regard des ODD) et définition des chemins d’impacts (antérieurs et futurs) adaptés à la réalité opérationnelle, utiles ensuite à l’élaboration du rapport de durabilité.

    Les besoins identifiés ainsi que les enseignements retirés par les entreprises lors de l’implémentation pilote de l’outil pendant 6 mois ont ensuite été partagés. Retenons les enseignements suivants : analyse et prise de conscience, ajustement des priorités, engagement et implication collectifs, transition et défis à surmonter, outils et données nécessaires, alignement au sein de l’organisation.

    Quelques points épinglés lors des échanges qui ont suivi avec le panel :

    L’outil SDG Impulse a l’avantage de mettre en lumière les choses que l’on a fait de manière instinctive. Il sort des ESG classiques, il donne de la confiance, de la transparence et de la clarté. Il pourrait être  mis en place au sein d’un board de cadres et être le fil rouge au sein des équipes, pour susciter une prise de conscience collective, notamment ;

    • Les leviers d’action proposés par SDG Impulse sont des cibles de développement durable pour initier et faire avancer la réflexion en interne ;
    • Poser le diagnostic est très intéressant pour se rendre compte de ce qui est déjà fait. Il s’agit d’un outil de réflexion avec une valeur sociale très haute qui permet une communication positive en interne et pour lequel la collaboration et la participation de tous est un plus ;
    • Les obligations extra-financières permettent, dans les premières années d’une entreprise d’accueillir de nouvelles complexité (gestion pratique des RH, trésorerie)... ;
    • Par rapport aux investisseurs ou à l’écosystème, les entreprises subissent une pression croissante en termes d’enjeux extra-financiers. La difficulté réside dans le fait de trouver un accord dans le modèle de mise en œuvre que chaque partie prenante demande. Cette pression constitue un facteur incitatif pour la prise en compte de ces critères ;
    • Entreprise conventionnelle et économie sociale ne doivent pas être opposées. Les deux modèles peuvent coexister, ils ont juste des cibles différentes. Des modèles mixtes existent également.
    • L’important est de faire bouger les lignes et de donner de la valeur à la finalité de l’entreprise, à ce qui l’anime.

    Dans le cadre du Festival des Métamorphoses Entrepreneuriales de HEC Liège Entrepreneurs & VentureLab, et en collaboration avec le Club des Spin-offs de l’ULiège.

    Dans un contexte économique en constante évolution, les start-ups et spin-offs sont confrontées à de nouveaux défis, notamment ceux liés à l’intégration des enjeux extra-financiers.

    Comment ces entreprises peuvent-elles tirer parti des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour créer de la valeur ? Quels sont les obstacles qui se dressent sur leur chemin en termes d’implémentation de ces critères ? Les entreprises sont-elles toutes égales face à ces obligations, selon leur secteur d’activité ?

    Pour répondre à ces questions, ce sont 3 entreprises qui font face à des réalités bien différentes qui partageront leur expérience et point de vue.

    En effet, THERAtRAME, spin-off biotech, est active dans le développement de nouveaux médicaments anticancéreux - ce qui la confronte à d’importantes contraintes réglementaires de qualité. RumeXperts, spin-off en santé animale, utilise l'intelligence artificielle pour rendre la production de lait plus durable et économiquement rentable. Quant à SDG Impulse (projet de recherche-action du CES), son offre de valeur repose sur la création d'un outil digital de gestion participative de la durabilité, ancré sur les ODD.

    Actives dans des secteurs différents, chacune de ces entreprises doit, pour se développer aujourd’hui, composer avec l'intégration des enjeux extra-financiers tout en maximisant son impact positif.

    Cette rencontre-conférence sera l’occasion d’un partage de perspectives à partir de cas concrets.


    À cette occasion, le Venturelab, présentera également le programme FR2B, destiné aux doctorants et chercheurs universitaires désirant explorer le potentiel commercial de leur recherche et acquérir des compétences entrepreneuriales pour avancer concrètement vers la valorisation de leur projet de recherche (notamment par le biais d’une création de spin-off).

    Objectifs de Développement Durable